Il y a une valeur, fondamentale à l'hindouisme et au jaïnisme, popularisée par Mohandas Gandhi, qui est celle de l'AHIMSA, la "Non-violence" universelle.
Selon les lois de Manu, les Arya (ou "Nobles, honnêtes hommes") sont ceux qui respectent l'Ahimsâ, en pensée, parole et acte, refusant d'accomplir la violence directement, indirectement ou par consentement (d'où la pratique du végétarisme : ne pas profiter de la violence envers un animal, même "indirectement").
Dans l'hindouisme, l'Ahimsâ est divinisée en tant qu'épouse du dieu Dharma (Ordre cosmique).
Celui qui pratique le Dharma (la Vertu), c'est par conséquent celui qui pratique l'Ahimsâ, court-circuite toute forme de violence, violence apportant souffrance ou nuisance aux vies.
L'Ahimsâ est aussi le premier vœu du Hatha Yoga, du Raja Yoga et de toutes les branches du jaïnisme (le code moral du jaïnisme est le même que celui du Raja Yoga).
Bouddha, considéré comme Avatar ("Descente") du dieu Vishnou par les Hindous, est connu par les Indiens comme étant celui qui a répandu l'Ahimsâ dans les rites de certains prêtres (en ordonnant de libérer les animaux qui allaient être tués pour des rites).
C'est surtout pour cela que Bouddha est connu chez les Hindous, et pas vraiment pour sa "philosophie" sur le désir (alors, qu'en Occident, c'est exactement l'inverse !)
Celui qui ne respecte pas l'Ahimsâ (qui ne voit pas la Non-violence comme un impératif) est considéré par les Hindous comme un "Intouchable", un paria, ainsi considéré par son métier ou ses pratiques (on l'appelle un Chandala,un "mangeur de chien").
Vyasa, l'auteur du Mahabharata, était issu d'une famille d'intouchables (il vient d'un clan de pêcheurs), mais comme il a fait sienne les valeurs védiques (qui sont trois : contrôle de soi, pitié et charité) et adopté un mode de vie "brahmanique", il est considéré comme un Arya.
"Arya" n'est donc pas un ensemble de castes fermées, et l'on pouvait très bien changer de caste selon ses actes, du moins dans l'Antiquité. Le système des castes s'est en effet ossifié pendant l'hégémonie islamique, quand la société hindoue était particulièrement sur la défensive et s'est recroquevillée sur elle-même. Aujourd'hui, dans les villes indiennes, les castes par naissance ont disparu, mais pas dans les villages (et l'Inde est un pays avant tout rural).
A l'heure actuelle, on considère que 54% des brâhmanes (caste la plus élevée) vivent en dessous du seuil de pauvreté (en sachant que le brahmane idéal, des textes sacrés, doit vivre pauvrement, au jour le jour des dons qu'on lui fait pour la réalisation de rites, de ses enseignements, etc.).
En revanche, le propriétaire de "Bharat Shoes", intouchable par son métier (il traite le cuir d'animaux tués), est une des principales fortunes de l'Inde.
La caste en Inde ne correspond donc nullement à une classe socio-économique (le brahmane est souvent aussi pauvre que l'intouchable... et un intouchable peut aussi être très riche !).
Quant à la question de savoir si l'on peut devenir "Hindou", à partir du moment où l'on accepte l'Ahimsâ (Non-violence) comme valeur primordiale, on est considéré comme Arya (et donc "Hindou") par les Hindous.
A ce titre, même si les Jaïns ne reconnaissent pas les Védas comme textes sacrés, les Jaïns sont très bien vus par les Hindous (y compris des Brâhmanes qui transmettent les Védas), du fait de leur attachement à la Non-violence, l'Ahimsâ.
Il y a d'ailleurs des mariages entre Jaïns et Brâhmanes : les Jaïns sont perçus par les Hindous comme une haute caste au sein de l'Hindouisme.
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