
Nom du blog :
subrahmanyakamadhenu
Description du blog :
Pour comprendre l'hindouisme, la civilisation de l'Inde. (Me demander les références si besoin est.)
Catégorie :
Blog Religion
Date de création :
24.05.2009
Dernière mise à jour :
02.02.2017
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EXTRAITS DU SHIVA-PURÂNA,
LES « ANTIQUITÉS SUR SHIVA »
traduit par Tara Michaël, Mythes et légendes (l'anthologie du savoir)
LA LEGENDE IMMEMORIALE DU DIEU SHIVA
(pour une Sat Sangha, une Société de l'Être, des Dieux, anti-démoniaque)
Chant pieux pour le Seigneur Shiva : http://www.youtube.com/watch?v=jaJPfnCi1t8
*
CHAPITRE 1 : La requête des Sages.
6-7. Les Sages réunis à la très-sainte cité des Prayâga, au confluent du Gange et de la Yamunâ, questionnent Romaharshana, le disciple de Vyâsa, qui, comme le vaste océan contient toutes les pierres précieuses, était devenu le réceptacle des trésors des récits antiques, pourâniques. Ils l'implorèrent en ces termes :
11. Ô Barde bienveillant, si tu désires nous bénir, nous t'en prions, révèle-nous comment résoudre ce problème, même si cela implique le dévoilement des secrets des secrets.
12-37. Voici la situation. Maintenant qu'est venu ce terrible âge sombre, les hommes ont perdu toutes les qualités et tous les mérites (dharma). Ils sont engagés dans des modes de vie impurs. Ils se sont détourné de la vérité. Ils passent leur temps à se calomnier et à médire les uns des autres, à s'opposer et à s'injurier. Ils convoitent la richesse des autres. Ils ne peuvent pas supporter qu'autrui ait du bien et des propriétés. Se faire du mal les uns aux autres est devenu leur passe-temps principal. Sous l'empire de l'illusion, ils considèrent que leur corps physique est leur vrai Soi, ils sont athée, nihilistes, de la manière la plus radicale. Ils ne montrent aucun égard envers leurs leurs parents, mais les détestent ou les délaissent avec indifférence. Ils se laissent mener par le bout du nez par leur femme.
Ils ont oublié les devoirs de leur Couleur [sociale]. Les brahmanes sont avides. Comme gagne-pain, ils vendent leur connaissance des textes sacrés. Ils n'acquièrent du savoir que pour gagner de l'argent. Ils sont victimes d'un orgueil de caste injustifié. Ils n'offrent plus la prière aux trois jonctions du Jour, ils sont dépouillés de toute illumination spirituelle. Ils font mousser le peu de connaissance qu'ils ont. Ils ont abandonné tous leurs rites et leurs principes moraux. Ils s'adonnent à l'agriculture et à d'autres professions hors de leur domaine. Ils sont souillés et impurs.
De même les kshatriya (rois et guerriers défendant la paix civile) ont aussi délaissé leurs devoirs. Toutes sortes de vices et la débauche les pourrissent. Ils ont cessé d'être valeureux et nobles. Ils ne redressent plus les torts. Ils ne se battent plus pour le bien. Ils fuient le champ de bataille. Ils adoptent les tactiques des voleurs et de la canaille. Ils sont esclaves de leurs passions. Ils ont perdu connaissance des armes magiques. Ils ne se préoccupent plus de protéger les vaches (panthéons, symboles de toutes les créatures, de la Création) et les brahmanes (homologues humains des bovins). Ils ne considèrent plus qu'il leur incombe de protéger ceux qui dépendent d'eux ou qui prennent refuge en eux. Leur érotisme est devenu grossier et brutal, vulgaire. Ils ont balancé par-dessus bord la justice et le devoir de protéger leurs sujets. Ils sont annihilateurs de leurs propres peuples. Ils prennent plaisir à harasser, harceler et tourmenter tous les êtres vivants.
Les vaïshya (paysans, artisans) non plus n'accomplissent aucun rite, aucune observance et se sont coupés du sacré. Ils ont rejeté leurs traditions corporatives. Ils s'adonnent à la fourberie et à la tricherie pour gagner de plus en plus d'argent. Ils ont faussé les monnaies. Ils ne reconnaissent plus ni précepteurs, ni Dieux, ni brahmanes. Leur intelligence a dévié ; cupides et avares, ils ne font plus aucune donation et ne répartissent plus les richesses. Ils ont cessé leurs œuvres de bienfaisance comme de creuser des puits, construire des réservoirs, planter des arbres et créer des parcs sacrés [où peuvent vivre des ascètes, la faune et la flore, en toute tranquillité, puisque zones interdites aux bûcherons et aux chasseurs].
De la même façon les shûdra (serviteurs) sont devenus dépravés. Certains d'entre eux se posent en brahmanes et font semblant d'imiter leur mode de vie. Ils cherchent à s'approprier la splendeur brahmanique, mais en chantant faux les mantra, ils provoquent des fausses couches et des morts prématurées.
Ceux qui discourent sur le bien et la vertu en ont abandonné la pratique. Les savants se complaisent en controverses stériles. Les prétentieux simulent les manières nobles. Ceux qui font des libéralités le font en humiliant ceux envers qui ils sont généreux. Les gens ont rejeté le système de la division de la société en quatre catégories ou Couleurs [Brahmane, Kshatriya, Vaïshya, Shudra]. Les femmes aussi agissent mal. Perdant leur féminité, elles suivent la loi d'action (karma) des hommes. Elles n'ont plus aucune loyauté. Elles sont infidèles et inconstantes. Quant aux fils, ils ne savent plus ce que c'est que l'affection filiale. Chaque génération entre en conflit avec la précédente.
Ô Barde, comment tous ces gens égarés, qui ont abandonné leurs vertus traditionnelles, peuvent-ils être sauvés de la perdition, destinée démoniaque ? Cherchant comment leur porter secours, notre esprit est dans une agitation perpétuelle. Dis-nous, nous t'en supplions, quel est le remède le plus facile pour la destruction immédiate du mal commis par tous ces gens ?
CHAPITRE 2 ; réponse aux questions des Sages.
Le Barde répondit :
1. Saints hommes, la question que vous m'avez posée est très pertinente. Aiguillonné par mon amour pour vous, je vais, après m'être remémoré mon maître (guru), bienfaiteur des trois mondes, tout vous révéler. Écoutez-moi tous attentivement.
2. La quintessence du Vedânta est toute contenue dans cet excellent Shiva-purâna. Il dissipe tous les péchés et tous les maux. Il amène à la réalisation de la Vérité suprême.
3. Ô brahmanes, l'immense gloire de Shiva, qui détruit le mal de l'âge Kali,se déploie dans ce Purâna, et accorde les quatre types de résultats recherchés par les êtres humains : l'accomplissement de son devoir, l'enrichissement, l'éros et la Libération des transmigrations.
5. C'est tant que le Shiva-Purâna n'est pas apparu dans le monde que tous les crimes dont le pire est le brahmanicide s'exhibent sans frein.
6-7. C'est seulement tant que le Shiva-Purâna n'est pas apparu en ce monde que les effets maléfiques de l'âge Kali rôdent sans crainte et que les différents textes sacrés s'opposent les uns aux autres et donnent lieu à des controverses.
CHAPITRE 3 ;
6-8. Autrefois, au commencement d'un cycle de création, une dispute s'éleva entre les Sages de six clans qui avaient des opinions divergentes sur la Réalité la plus grande de toutes. Ils approchèrent Brahmâ Dieu Créateur, pour l'interroger sur l'Impérissable. Joignant les mains et s'inclinant avec déférence, ils s'exprimèrent humblement :
9-12. Tu es le Créateur de tout l'univers, la cause des causes. Quel est l'Être qui est antérieur à toute la succession des étapes de la manifestation ? Quel est le Principe primordial, plus grand que ce qu'il y a de plus grand ?
[Brahmâ répondit:]
Celui devant qui les mots reculent, ne pouvant l'appréhender, et que l'esprit aussi est impuissant à saisir, Celui de qui l'univers tout entier, à commencer par Brahmâ, Vishnou, Rudra et Indra, et tous les éléments extérieurs et toutes les facultés psychiques, émanent à l'origine, c'est lui Mahâdéva (le Grand Dieu) l'omniscient, le Seigneur de l'univers. On ne peut l'atteindre que par l'Amour suprême, et pas nul autre moyen.
14. L'Amour de la Divinité est dû à sa Grâce. Et sa Grâce est dû à l'Amour de l'adorateur, de même que la graine produit la plante et la plante produit la graine.
21-22. Et voici les moyens essentiels de cet Amour suprême qui mène à la Divinité, la Réalité la plus grande de toutes :
Shravana : entendre, parler de Shiva, écouter tout ce qui est narré, exposé, récité, expliqué, à propos de Shiva ;
Kîrtana : glorifier Shiva par la parole, la musique et le chant, le célébrer en récitant ses noms divins et en évoquant ses formes divines ;
Manana : réfléchir et méditer, penser constamment à Lui.
Voilà les trois moyens. Tout ce qui touche à Shiva doit être écouté, glorifié et médité.
26-27. Quand la pratique de ces trois moyens a abouti, la méthode se prolonge par le Yoga shivaïte, qui culmine dans l'unification à Shiva. Toutes les limitations et les troubles physiques et tous les défauts et faiblesses de l'esprit sont alors annulés, le bonheur suprême est atteint. La voie semble difficile au commencement mais ensuite tout devient de plus en plus heureux et bénéfique jusqu'à la fin.
CHAPITRE 5 ; le culte du Linga, du « Phallus (stylisé), Signe »)
10-14. Shiva seul est glorifié comme sans nom, sans forme, transcendant (nishkala) puisqu'il est identique au Brahman suprême, à la Réalité absolue. Mais en même temps, il est aussi doué d'attributs (sakala) et en tant que tel il possède des formes qui le représentent.
L'adoration du Linga, symbole non figuratif, est approprié pour l'aspect nishkala de Shiva. Celle d'une forme anthropomorphique, pour son aspect sakala.
Les autres divinités n'ont pas d'aspect nishkala et elles ne sont pas l'Absolu suprême (Brahman). C'est pourquoi elles n'ont que des représentations figuratives et en général anthropomorphiques.
21. L'aspect informel, sans corps, de Shiva, indique qu'il est l'Âme universelle suprême (Brahman), et donc sans images, sans icône. C'est aspect informel, c'est le Linga. Le Linga, c'est le « Signe » de l'Absolu.
CHAPITRE 6, 7 et 8 ; l'origine du Linga.
[Dans ces chapitres, le Barde narre le mythe où Brahmâ, Dieu-prêtre et créateur (né du nombril de Vishnou), et Vishnou, Dieu-Roi préservateur (dont l'Aïeul est Brahmâ), s'affrontèrent verbalement pour savoir qui était réellement le Dieu des Dieux, et qui finalement se mirent à se combattre physiquement l'un l'autre dans un conflit cosmique amenant la fin des Trois Mondes. Les Dieux appelèrent Shiva, Dieu-Ascète asocial, lui demandant de quitter sa méditation et de venir en aide à l'assemblée des Dieux. Shiva alla sur le champ de batailla et se métamorphosa en une Colonne de Feu sans début ni fin. Vishnou, en Sanglier, tenta d'en trouver l'origine, Brahma, en Oie, tenta d'en trouver la fin : mais aucun des deux ne réussit. Brahmâ et Vishnou cessèrent leur conflit et intronisèrent Shiva comme Seigneur suprême, Shiva déclarant alors : ]
20. Cet emblème du Linga apporte la jouissance et le bonheur. Son culte est le moyen d'obtenir à la fois le bonheur en ce monde et la libérations des transmigrations. Qu'on le regarde, qu'on le touche ou qu'on médite sur lui, il épargne toutes les futures renaissances en êtres vivants transitoires.
21. Et puisque cette théophanie du Linga s'est élevée en hauteur comme une montagne de feu, elle sera fameuse sous le nom d'Arunâchala.
26-27. Si l'on m'adore sous ma forme suprême du Linga en ce lieu béni [le champ de bataille de Vishnou et Brahmâ] et si l'on accomplit tous les autres rites sacrés, on obtiendra les cinq types de salut : « être dans le même monde que moi » (sâlokya), « être proche de moi » (sâmipya), « obtenir la même nature que moi » (sarûpya), « atteindre les mêmes pouvoirs que moi » (sarishti) et « être entièrement identifié à moi » (sâyujya). Puissiez-vous tous toucher au terme de vos désirs.
28-29. Ayant ainsi béni Brahmâ et Vishnou qui avaient atteint l'humilité, le Seigneur ressuscita tous les combattants, appartenant aux camps des deux Divinités, qui avaient été tués dans la bataille et il leur parla pour les délivrer de leur folie et haine mutuelle :
30. J'ai deux aspects : manifesté et non manifesté. Nul autre n'a ces deux aspects, c'est pourquoi nul autre n'est Seigneur.
33. C'est dans l'ignorance de cette réalité que vous avez été emportés par le prestige emprunté et l'orgueil d'être Seigneur, si surprenante que cette méprise paraisse. Je me suis dressé au centre du champ de bataille pour que cette ignorance disparaisse.
34. Rejetez toute vaine présomption. Fixez vos pensées en moi qui suis votre Seigneur. C'est grâce à ma lumière que tous les objets du monde sont éclairés et manifestés.
35. C'est ce que déclare le Précepteur qu'on doit se remémorer et qui doit faire autorité dans toutes les situations. Cette vérité secrète de la Réalité suprême, je vous la révèle par Amour.
36. Je suis le suprême Brahman. Ma nature non manifestée en tant que Réalité suprême (Brahman) et manifestée en tant que Seigneur de l'univers (Îsha).
37. Ô Brahmâ et Vishnou, je suis Brahman à cause de ma vastitude (brihatva) et parce que je déploie et fait grandir (brimhanatva). De même, je suis l'Âme, le Soi (âtman) à cause de l'identité du Soi et de l'Absolu (samatva) et à cause de son omniprésence (vyâpakatva).
41-42. La Seigneurie en moi est connue grâce à cette forme personnifiée et la colonne symbolique suggère ma nature suprême, impersonnelle. Ce Linga sera mon symbole et vous l'adorerez tous les jours.
43. Le symbole qu'est le Linga et le Shiva qui est symbolisé ne sont pas deux entités différentes. Le symbole du Linga est moi-même. Il permet aux adorateurs de s'approcher de moi qui suis sans ego, car non limité par l'orgueil. Il est digne de vénération.
46. L'installation du Linga est de première importance et celle de l'image anthropomorphique est secondaire. Un temple qui a une statue de Shiva personnifié est dépourvu d'effets bénéfiques si un Linga n'y est pas aussi présent.
CHAPITRE 11 ;
20-21. Il y a deux sortes de Linga (« Phallus », « Signe » de l'Absolu, de l'Âme universelle, le Brahman) : fixe et mobile.
Les Lingas fixes sont représentés par les arbres, les buissons, les bosquets, les monticules, les rochers, les éminences, les montagnes.
Les Linges mobiles sont représentés non seulement par des objets en forme de Linga dans la pierre, le métal ou un autre matériau, mais aussi par tous les êtres vivants qui se déplacent à la surface de la terre. Pour ceux-là, l'adoration consiste à se les rendre propice (tarpana).
22.« Le culte de Shiva (Shiva-pûja) doit être accompli avec un Amour intense du bonheur de tous les êtres variés » disent les Sages. Le piédestal représente l'épouse de Shiva, Pârvatî, la Puissance qui est à la base de tout, et l'être vivant représente le Linga.
23. De même que Shiva demeure toujours étroitement uni à la Déesse Pârvatî, de même aussi le Linga adhère au piédestal, pour toujours.
CHAPITRE 13 ;
51. De la vertu et de la pratique du bien dérive la richesse. De la richesse dérive la jouissance. De la jouissance pleine et complète dérive le détachement. C'est-à-dire, quand on a pleinement joui de tous les plaisirs obtenus grâce à la richesse acquise par des moyens honnêtes, on atteint le stade du détachement.
52-53. Si la jouissance des plaisirs est obtenue grâce à une richesse acquise par des moyens malhonnêtes, le résultat en est l'accroissement des passions.
58. Il faut qu'on sache et qu'on se souvienne toujours qu'une conduite mauvaise mène au malheur et qu'un comportement juste mène au bonheur. C'est pourquoi il est dans l'intérêt de chacun de se forger un caractère vertueux pour atteindre la jouissance de tous les bonheurs en ce monde et la libération des naissances et des morts.
64. Maintenant, je vais exposer la manière d'acquérir la richesse par des moyens purs et légaux.
Le brahmane gagnera la richesse sans s'humilier et sans faire des courbettes et sans faire de trop grands efforts non plus, sans trop la rechercher. Il faut accepter des dons en argent, des donations et des rémunérations pour les sacrifices et les rites qu'il aura accomplis correctement.
65. Un kshatriya (roi, guerriers) gagnera la richesse par ses exploits valeureux, et un vaïshya par l'agriculture, l'élevage et le commerce. Seuls les dons que l'on fait avec de l'argent que l'on a obtenu par des méthodes justes et légales produisent des résultats bénéfiques.
69. Il faut donner de l'eau aux créatures qui ont soif, de la nourriture aux êtres affamés et aux malades. Le don de nourriture est de quatre sortes : don de terre cultivable, don de céréales, don de nourriture crue et don de nourriture cuite.
70. Le donneur de nourriture reçoit la moitié du mérite de celui qui la reçoit et il en profite jusqu'au moment où la nourriture est digérée ou tant que gloire de Shiva atteint ses oreilles.
72-73. Chacun doit consacrer un tiers de sa richesse au Dharma (Ordre cosmique, Vertu), un tiers à la croissance de son bien (vriddhi) et le dernier tiers aux dépenses pour son plaisir (bhoga).
Avec la part destinée au Dharma, il doit mettre en œuvre (karma) les trois moyens de devenir juste et d'acquérir du Mérite (dharma), à savoir les devoirs religieux quotidiens (nitya), prières, rites, etc., les actes religieux occasionnels (naimittika) comme la célébration des fêtes pour les Dieux, et enfin les prières, les rites et actes (karma) entrepris en vue d'obtenir un résultat désiré (kâmya).
Avec la part destinée à la croissance de son bien, il fait fructifier et augmente sa richesse.
Et avec la troisième part, mise de côté pour la jouissance et le bonheur, il jouira sans perdre sa maîtrise de soi et sans inhibition de tous les plaisirs bons et sains.
74-75. Et avant de faire cette division en trois parts, on doit prélever le dixième de sa fortune pour le redistribuer sous la forme de dons et de charité. Les personnes qui gagnent de grandes richesses en prêtant l'argent à intérêt, en faisant des affaires et en se livrant au commerce, devront prélever un sixième de leur fortune pour faire des dons avant de la répartir en trois parties.
76. Les brahmanes à l'âme généreuse, quand ils ont accepté des dons en argent par des hommes de bien, distribuent un quart de cet argent en assistance aux pauvres.
77. Si un brahmane reçoit un don en argent d'un homme indigne, il donne la totalité de cette somme en aumônes. Si le don est souillé, il le jette à la mer. Si l'on veut offrir un don ou un cadeau, cela est plus courtois et plus joyeux d'inviter chez soi la ou les personnes qu'on désire combler.
78. Un homme doit donner aux autres ce qu'ils demandent dans la mesure du possible. S'il ne peut répondre à la requête qui lui est faite, il sera endetté envers l'autre dans sa vie prochaine.
79. Un homme de cœur ne doit pas proclamer les fautes des autres. Tout ce que l'on voit et tout ce que l'on entend ne doit pas être rapporté avec malveillance, mauvaise foi, jalousie.
80. Un homme intelligent ne doit pas prononcer des paroles qui blessent les autres. Toutes les paroles ne sont pas bonnes à dire. La discrétion, l'indulgence et le tact sont des vertus.
85. Toutes les personnes qui offrent des sacrifices, qui adorent les Dieux, qui vénèrent le Feu (le Dieu Agni), qui ont du respect pour les maîtres (guru) et sont libéraux envers les brahmanes méritent d'atteindre les demeures célestes.
CHAPITRE 18 ;
67. Un roi prélève l'essence de la richesse au moyen des impôts dans son royaume. Les êtres humains cuisent ou digèrent les plantes et consomment leurs sucs essentiels [note : selon les traités brahmaniques, les humains digérant de la chair animale mangée pour le plaisir sont des démons, ennemis des Dieux ; et les hommes, les nobles/arya, sont les alliés des Dieux, qui ne se nourrissent en premier lieu que pour les honorer et respecter le Dharma, la Vertu, le Mérite, l'Ordre].
68. Le feu gastrique consume les différentes sortes de nourritures et avec leur essence sustente le corps.
69. De la même manière, le Grand Seigneur Shiva, Créateur de l'Univers, consume l'univers auquel il préside et en réabsorbe l'essence.
70. Après avoir brûlé l'univers, Shiva en applique les cendres sur son corps. Sous prétexte d'avoir annihilé l'univers, Shiva en extrait l'essence.
71. Shiva a destiné cette essence à son propre corps. L'essence qui est l'Espace (âkâsha) constitue sa chevelure. L'essence du principe de l'Air constitue son visage.
72. L'essence du principe du Feu constitue son cœur, l'essence du principe des Eaux sont ses hanches et l'essence du principe de la Terre forme ses genoux.
73. Les trois lignes horizontales parallèles tracées sur le front avec de la cendre constituent l'essence de la Trinité des Dieux : Brahmâ (Dieu-Prêtre créateur), Vishnou (Dieu-Roi préservateur) et Roudra (Dieu-Ascète destructeur, Shiva). De façon analogue Mâheshvara (Shiva Grand Seigneur) a condensé l'essence de toutes choses sous la forme de la marque circulaire (tilaka) au milieu du front [et symbolisant le Soleil].
81-82. Lorsqu'on porte sur son corps les cendres appliquées avec le mantra (formule sacrée) de Shiva, on échappe aux limitations des stades de vie. On devient quelqu'un dont le stade de vie est celui de Shiva (Shivâshramî) car on est entièrement consacré à Shiva. On n'est plus affecté par l'impureté rituelle découlant d'une mort ou d'une naissance dans sa famille.
83. La marque distinctive d'un adorateur de Shiva est qu'il a un point circulaire apposé sur le front avec de la cendre blanche (bouse de vache séchée) ou avec une argile jaune appliquée par son précepteur ou par lui-même. Le mot Guru, « maître », veut dire « celui qui fait disparaître toutes les mauvaises qualités ».
84-85. Le Gourou éloigne tous les effets nocifs des tendances râjasiques [passionnelles]. Il incarne le suprême Shiva. Il a transcendé les troisguna [« qualités » primordiales de la Nature, Prakriti, la « Femelle »], et il fait progressivement comprendre au disciple la nature de Shiva. Il est le précepteur pour les disciples doués de foi.
87-88. Le mot « Service » (seva) veut dire « obéissance aux instructions du maître par le corps, la parole et la pensée ». Le disciple dont l'âme est pure accomplit l'ordre de son maître au prix de sa vie et mettant en jeu toutes ses possessions, même si la tâche lui semble au-dessus de ses moyens. Le mot disciple (shishya) désigne une personne qui est digne qu'on lui donne des ordres.
90-92. En vérité le disciple, parce qu'il s'assujettit à une discipline est comme un fils pour le Gourou/Maître. D'autant plus que le maître au moyen de sa langue qui remplit la fonction d'un phallus éjacule dans les cavités vaginales des oreilles du disciple une semence consistant en mantra [formule sacrée] et il engendre ainsi le disciple en tant que fils né du mantra. Ce fils doit donc vénérer son maître comme un père. Le père naturel, celui qui l'a engendré physiquement, a noyé sont fils dans l'océan phénoménal des transmigrations. Tandis que le maître, qui impartit la Connaissance, est le père spirituel qui le rend capable de traverser l'océan des existences éphémères.
95-96. En vérité l'adoration du maître (guru) est l'adoration de Shiva, le Maître/Gourou suprême. Les restes de nourriture quand le maître a terminé son repas, le disciple doit les manger avec dévotion, car ils sont purificateurs comme les reliefs de la nourriture consacrée à Shiva.
97. Tout ce qui est pris ou accepté sans la permission du maître est un vol. Mais on ne doit accepter pour maître (guru) qu'un homme de Connaissance.
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